Les origines de la pomme

Les 27 et 28 octobre 2018 se tiendra, à Troyes, la grande exposition européenne de fruits des terroirs. « EUROPOM ». Elle a lieu tous les 5 ans en France . C’est une présentation fruitière qui permet de découvrir en un seul lieu plus de 2000 variétés de pommes et poires des départements français et pays européens voisins. Les Croqueurs y échangeront leurs expériences et leurs connaissances en pomologie, greffe, taille et traitements,l’étude des terrains et la génétique. De multiples questions seront abordées sur les différentes variétés et l’origine de la pomme .

Le nombre de variétés de pommiers issues de pépins ou de la recherche se multiplie d’année en année. À l’autre bout de la chaîne, des milliers de fruitiers disparaissent entre 100 ans et 300 ans, frappés par la limite d’âge. C’est pour sauver ces variétés anciennes et le patrimoine qu’elles représentent que ce sont créés, en France, à partir de 1970, des associations pomologiques animées par des passionnés. L’Association Nationale des Croqueurs de pommes est née dans ce contexte et se targue d’avoir sauvegardé ainsi plus de 750 variétés de Pommes. Dans la Vienne nous nous associons à cet immense projet et greffons tous les ans plus de 500 arbres qui sont plantés à l’automne dans les jardins et vergers de nos adhérents.

Madame Catherine Peix, réalisatrice de cinéma, est venue nous faire bénéficier de ses travaux et recherches réalisés au Kazakhstan sur les origines de la pomme lors de notre AG. Nous avons partagé sa passion sur le Kazakhstan et les forêts de pommiers sauvages datant de l’époque des dinosaures qu’elle nous fait découvrir par le film qu’elle vient de réaliser intitulé « l’origine de la pomme ou le jardin d’Eden retrouvé » un film qui nous transporte aux origines du plus célèbre des fruits. Elle vient de passer plusieurs mois dans les montagnes du Tian Shan où se trouvent tous les secrets de l’origine de la pomme. Le Tian Shan, signifiant les monts célestes, avec une longueur de 2500 km et une largeur de 3 à 400 km couvre environ un million de km2 et s’étend du Kazakhstan à la Chine. Cette région montagneuse, au climat rude, est restée inviolée et abrite une faune et une flore originelles. On y trouve, entre autres, des pommiers sauvages que Catherine Peix a longuement filmés, dont la diversité interpelle. C’est grâce à des chercheurs Kazakhs, notamment Aymak Djangaliev, maintenant décédé, qui a découvert ce paradis, qu’elle s’est trouvée bien accompagnée dans sa recherche. Un jour, un ami généticien lui parle de forêts de pommiers au Kazakhstan. « Ça m’a intriguée, dira-t-elle, J’étais aussi intéressée par l’homme, Aymak Djangaliev, scientifique qui a défié le régime de Staline en s’intéressant, dans la clandestinité, à la biodiversité et à la conservation des espèces ».En 2005, personne dans le monde ne savait que ces forêts primaires existaient au Kazakhstan. » Aymak Djangaliev lui a, en quelque sorte, confié la mission de sauvegarder ce patrimoine inestimable de Malus Sieversii, pommiers sauvages des montagnes d’Asie Centrale dont l’origine remonte à plus de 5 millions d’années. Catherine Peix a découvert et filmé des milliers de pommiers de toutes tailles, parfois gigantesques et très âgés, produisant des fruits sucrés naturellement, aux saveurs agréables et variées. Ces pommiers, à l’état sauvage possèdent des gênes de résistance aux principaux fléaux, maladies et insectes, qui ravagent les pommiers cultivés aujourd’hui dans le reste du monde. A terme, le mode de culture des fruitiers, dans les vergers industriels actuels, prépare un drame. On constate que les pesticides employés

entre 30 et 40 fois l’an dans ces vergers, protègent de moins en moins des attaques de champignons et autres maladies. Il est donc à craindre qu’il faille, dans les années à venir, accroître les doses de ces produits reconnus très dangereux pour l’homme, tout cela pour faire que tous ces vergers soient économiquement rentables.

Malus Sieversii De 300 ans

 

 

Comment s’est propagé le Malus Sieversii sur ces milliers d’hectares pour en obtenir des forêts, sans la main de l’homme?

 

 

 

Les montagnes du Sian shan, au fil du temps et depuis la préhistoire, se sont en partie couvertes de sols fertiles. Elles se sont alors peuplées d’ours qui ont trouvé là, loin des hommes, un habitat hospitalier. Sans aucun doute, l’ours a adapté son régime alimentaire à ce qu’il a trouvé dans les forêts, le miel, les plantes, les racines et les fruits. Brièvement, l’ours du Tian shan a contribué durant plusieurs millions d’années à propager la pomme en se nourrissant des fruits les plus sucrés. Les pépins protégés naturellement, avalés peuvent traverser le tube digestif de l’ours sans être endommagés et être expulsés dans les matières fécales, milieu idéal pour lever et donner de nouveaux arbres. Pendant tout ce temps, des hordes de chevaux sauvages ont grandi, contenues à la périphérie de ces forêts par la peur de l’ours et participé à la propagation des pommiers. Les chevaux apprécient aussi les pommes sucrées et les pépins, non endommagés par les mâchoires et les intestins, sont rejetés viables dans les excréments. De ce fait, on peut penser que les chevaux ont contribué à semer des pépins à la lisière des forêts et dans les plaines. Il y a beaucoup à dire sur ce beau voyage accompli par la pomme avant qu’elle ne devienne un gros fruit juteux et sucré que nous connaissons sur nos tables et dans les forêts filmées par Catherine Peix.

C’est peut-être dans ces forêts de fruitiers qui se sont protégés contre les maladies et les insectes que se situe le salut de l’humanité tout entière par la fin proclamée des pesticides. Bénéficiant de ces découvertes du Kazakstan, souhaitons que les chercheurs puissent créer pour le reste du monde des spécimens aussi résistants aux agents pathogènes.

Après tout, on a bien réussi à éradiquer le phylloxéra. Pourtant, on peut rester inquiet à la pensée que la main de l’homme a déjà détruit 70 % de la superficie de ces forêts. Travaillons tous activement pour que nos enfants et petits-enfants puissent croquer, toute leur vie, des pommes de la qualité de celles du Kazakhstan. Merci Catherine Peix pour ce beau témoignage.

André Gaud Trésorier de l’Association des Croqueurs de Pommes

Ce contenu a été publié dans Conférences-ateliers, Pomologie. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.